DE
During the transition from totalitarian regimes to democracy, new political systems have had to deal with the shadow of the past, with a wide choice of institutional mechanisms at their disposal. Too much, as well as too little, “memory” has long-term negative consequences for the quality of democracy. This study starts from Paul Ricœur‘s assumption about the role of balance between memory, responsibility and forgiveness, and truth, when building a democratic society. Ricœur’s conception of a just society and its narrative construction, which changes in time, serves as the framework for grasping the regime of memory and its tasks in the formation of such a society. The processes of transitional justice often focus on one of the key elements at the expense of another (for example, on the psychological help to victims at the expense of criminal law). The regime of memory is established in the first stages of the transition by the narrative agents of that time – it is formed by their values and strategic choices. In contemporary times it is interpreted and reconfigured by the emerging generation, whose priorities and values are formed by a different social context and who move and change it. Generational distance allows for a reconfiguration of the regime of memory and space and the possibility of approaching the ideal of the just society.
FR
Au moment du passage du régime totalitaire à la démocratie les nouveaux systèmes politiques doivent affronter l’ombre du passé – ils peuvent choisir dans une large palette de mécanismes institutionnels. Trop de mémoire tout comme trop de mémoire a, à long terme, des conséquences négatives pour la qualité de la démocratie. Ce travail part des considérations de paul Ricœur sur le rôle de l’équilibre entre la mémoire, la responsabilité, le pardon et la vérité dans la construction d’une société démocratique. La conception ricœurienne de la société de justice et de sa construction narrative qui varie dans le temps sert de cadre pour saisir le régime de mémoire et son rôle dans la fromation d’une nouvelle société. Les processus de la justice temporaire mettent souvent en avant un élément clé au détriment des autres (par exemple l’aide psychologique aux victimes au détriment de la responsabilité légale). Le régime de mémoire est établi narrativement au début de la transition par des acteurs d’une époque donnée, et il est formé par leurs valeurs et choix stratégiques. Actuellement il est interprété et refiguré par la génération suivante dont les priorités et les valeurs sont formées par un autre contexte social et qui le transforme. La distance générationnelle permet une refiguration du régime de mémoire et l’espace ou l’occasion de se rapprocher de l’idéal de la société de justice.