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La prédilection de Rétif de la Bretonne pour l’écriture intime nous invite à analyser la question de la mémoire et de l’oubli dans son bref roman, "Journal d’une impardonnable folie", publié en 1779 et constituant l’un des épisodes d’une œuvre plus importante, "La Malédiction paternelle". Cette « impardonnable folie » est une passion irrésistible du héros pour une jeune fille, dont les conséquences empêchent ce dernier d’oublier la malédiction de son père. Dans ce travail, nous nous demandons notamment dans quelle mesure la conjonction de deux procédés : la lettre et le journal, permet au narrateur de mémoriser certains souvenirs de sa vie privée. Or, le passage de la forme épistolaire à l’écriture diaristique favorise, nous semble-t-il, la mémoire du narrateur, car le journal rend la valeur de l’instant privé et ne peut être relu que par le diariste même, tandis que la lettre suppose une volonté de divulgation (cependant les lettres dont il est question dans ce roman, ne seront jamais envoyées). Le diariste cherche donc à mémoriser certains faits intimes car leur souvenir lui procure de fortes sensations, comme le plaisir, l’affection ou l’attendrissement, mais aussi il constitue une sorte d’instruction.