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Le thème des sirènes, ces divinités fluviales ou monstres mythologiques associés à l’origine à la mort, était très populaire dans les cultures antique et renaissante. Mi-femmes, mi-oiseaux, ces femmes hybrides vivaient, si l’on en croit Homère, sur une île couverte d’ossements et séduisaient par leur voix enchanteresse les matelots qui perdaient le contrôle de leurs navires. C’est d’ailleurs grâce à leur voix mélodieuse que les sirènes sont peu à peu devenues le symbole de l’oubli dans lequel tombaient non seulement les navigateurs de l’Antiquité, mais aussi les religieux au Moyen Âge ainsi que tout humaniste désireux de fréquenter les textes renaissants. Dans le présent article, à partir de sources littéraires et iconographiques, nous analysons les relations qui s’éta-blissent entre la notion d’oubli et le chant des sirènes. Nous essayons de présenter le mythe de ces musiciennes ainsi que de commenter les interprétations les plus significatives de ce mythe, celle du Moyen Âge à travers les Bestiaires et celle de l’art emblématique d’après le commentaire philologique d’Andrea Alciato.